Communiqué de presse d'Alliance Sud, l'organisation faîtière de politique de développement dont Helvetas et d'autres grandes ONG suisses sont membres.
Le Conseil fédéral a communiqué aujourd'hui les valeurs de référence relatives aux arrêtés finan-ciers pluriannuels. Pour la coopération internationale, il parle d'un taux de croissance de 2,5 %, mais en termes nominaux. Dans le contexte d'inflation actuel, cela entraîne une réduction potentiellement dramatique. Il fixe par ailleurs un plafond de 10,6 milliards de francs pour la période 2025 – 2028, ce qui est nettement inférieur aux 11,25 milliards prévus dans la planification financière pour 2021 – 2024.
Mais ça ne s’arrête pas là ; le Conseil fédéral veut utiliser la « croissance (fictive) des dépenses de la coopération internationale à partir de 2025 » pour la reconstruction de l'Ukraine (650 millions cu¬mulés). Au total, cela conduirait à une catastrophique mise à genoux de la coopération internatio¬nale de la Suisse.
Pour Alliance Sud, il est clair que la Suisse, en tant que pays hautement globalisé, dépend d'un monde stable et sûr. Le terrorisme, la violence et l'instabilité politique prospèrent surtout dans les pays fragiles où l'État n'est plus en mesure d'assumer ses tâches essentielles comme l'éducation et la santé. Et là où les États occidentaux se retirent, des autocraties comme la Russie ou la Chine comblent le vide. Une coopération au développement efficace est donc dans l'intérêt même de la Suisse en matière de politique économique et de sécurité.
« Le changement climatique et les conflits qui l'accompagnent mettent en péril de nombreux succès de développement de ces dernières années. C'est pourquoi nous devons renforcer notre solidarité et non pas tailler en pièces la coopération au développement efficace de la Suisse », déclare Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud. Il convient d'augmenter les budgets de la coopération au développement pour atteindre l'objectif de l'ONU, réaffirmé à plusieurs reprises par la Suisse, de 0,7 % du revenu national brut d’ici 2028, et ce sans inclure les coûts de l'asile, comme c'était le cas jusqu'à présent, ni l'aide à l'Ukraine, également nécessaire et urgente. « Toute réduction des fonds destinés à la coopération au développement serait désastreuse dans la situation géopolitique actuelle, avec des conséquences insoupçonnées pour la Suisse », conclut Andreas Missbach.
Plus d’informations :
Andreas Missbach, directeur, tél. +41 79 847 86 48, e-mail : andreas.missbach@alliancesud.ch
Dans des textes récents, Alliance Sud montre que la marge de manœuvre financière de la Suisse est nettement plus importante que ne le prétend le Conseil fédéral et analyse le dysfonctionnement du frein à l'endettement.