© Melanie Pietschmann
23 août 2024

Les Rohingyas laissés pour compte au Bangladesh espèrent qu’un nouveau gouvernement se penche enfin sur leur sort.

© Melanie Pietschmann

Depuis 7 ans, plus d’un million de Rohingyas s’entassent dans les camps de Cox’s Bazar sans que leur statut légal n’évolue, alors que la situation sanitaire et sécuritaire se détériore et que de nouveaux réfugiés viennent grossir leurs rangs, poussés par un regain de violences au Myanmar. Helvetas apporte son aide dans les camps et souhaite que la situation politique au Bangladesh avec la récente chute du régime soit une opportunité d’améliorer leur situation.

Le 25 août 2017, plus de 750'000 Rohingyas victimes d’une opération militaire brutale dans l’Etat de Rakhine au Myanmar, fuyaient vers le Bangladesh voisin où ils vivent désormais dans le plus grand camp de réfugiés au monde.

Si le Bangladesh leur a ouvert ses portes et permis de s’installer sur son sol, il les a aussi enfermés dans cet espace devenu rapidement surpeuplé sans leur offrir de statut légal, la possibilité de travailler à l’extérieur, ou l’accès à l’éducation.

Helvetas, l’organisation suisse de coopération au développement et d’aide humanitaire, appelle donc à une attention internationale accrue sur cette crise et une collaboration constructive avec le nouveau gouvernement du Bangladesh afin de trouver une solution durable pour les Rohingyas.

En outre, Helvetas appelle le gouvernement du Bangladesh à permettre aux acteurs humanitaires d'élargir la portée de leur travail dans les camps, c'est-à-dire en autorisant des activités qui sont actuellement interdites, telles que l'enseignement supérieur, l’exercice des activités économiques, ou la construction de logements en dur.

Depuis leur arrivée au Bangladesh, Helvetas apporte aide et formation aux quelques 1 million de réfugiés Rohingyas des 33 camps de Cox’s Bazar.

Pas reconnus comme réfugiés

Coincés sur 13 km2, les Rohingyas n’ont pas été reconnus comme réfugiés au Bangladesh. La récente crise politique que traverse le pays, qui s’est soldées par des centaines de morts parmi les manifestants et la fuite du gouvernement a placé le Bangladesh sous les feux de l’actualité internationale. Mais elle n’a pas pour autant mis en avant la situation de plus en plus précaire des Rohingyas.

Or depuis octobre 2023, le conflit a repris dans l’état de Rakhine au Myanmar, poussant à nouveau de nombreux civils Rohingyas à fuir la région et à venir grossir les rangs des réfugiés au Bangladesh.

Une nouvelle pression démographique qui se fait durement sentir dans les camps de Cox’s Bazar.

Le taux de malnutrition y de 15,7%, soit le plus élevé depuis l’arrivée des Rohingyas il y a sept ans, avec un taux de retard de croissance de 41,2% chez les enfants de moins de cinq ans en 2023. Les maladies infectieuses telle que l’hépatite C sont très répandues dans les camps. En outre, le manque d’accès aux services de santé des femmes et des jeunes filles provoque un taux élevé de mortalité maternelle.

Situation sécuritaire très précaire

Par ailleurs la situation sécuritaire dans les camps s’est fortement péjorée. Des groupes armés organisés et des gangs exploitent l’instabilité dans les camps, recrutant de force des jeunes. Dans une situation où les Rohingyas ne peuvent sortir des camps sans des autorisations difficiles à obtenir et n’exercent aucune activité rémunérée hormis celles proposées par la communauté humanitaire, les vols, la violence, des enlèvements, des fusillades sont désormais fréquents.

Soutien aux Rohingyas et aux communautés locales

Helvetas travaille avec les réfugiés Rohingyas et les communautés d'accueil bangladaises pour renforcer leur résilience face aux catastrophes naturelles, améliorer leurs opportunités économiques et favoriser la cohésion sociale. Les communautés dans les villages et les camps participent à des activités de travail contre rémunération à court terme en nettoyant les fossés de drainage, en réparant les routes, les sentiers et les escaliers endommagés par la pluie, ou en plantant des bambous pour contrôler l'érosion des sols. Les habitants et les autorités locales décident des interventions les plus urgentes et des personnes les plus défavorisées de la communauté qui seront employées pour achever les travaux.

Les communautés sont également engagées dans la cartographie des risques de cyclones, de crues soudaines et d'autres dangers environnementaux afin d'élaborer un plan d'intervention en cas de catastrophe.

Dans les communautés d'accueil, nous travaillons en particulier avec les écoles pour promouvoir une culture de la sécurité. Le comité de gestion des catastrophes de l'école, les élèves et les enseignants élaborent des plans pour mieux répondre aux catastrophes naturelles et aux situations d'urgence. Ils collaborent également pour faire de l'école un lieu plus sûr pour tous, par exemple en organisant des activités de sensibilisation au mariage des enfants.

Alors que dans les camps de Rohingya, il y a très peu d'espaces verts et que les familles n'ont pas beaucoup d'occasions de cultiver un jardin, avec les techniques agroécologiques appropriées, il est possible de cultiver des aliments nutritifs même dans de très petits espaces. Avec l'aide des prestataires de services locaux des communautés d'accueil, nous accompagnons les femmes Rohingyas pour qu'elles démarrent leur propre production de légumes, parfois simplement dans quelques sacs ou sur une bande de terre à l'extérieur de l'abri. Les prestataires locaux organisent des formations sur la préparation du lit de semences, d'un sac ou sur la lutte contre les parasites à l'aide de méthodes biologiques, et ils rendent régulièrement visite aux cultivateurs pour leur offrir des conseils personnalisés.

Renseignements:

© Helvetas
Responsable media / Porte-parole
Aude Marcovitch Iorgulescu

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