Il est 7h30 du matin à Gambo, un village situé à 7 km de Séguénéga dans la province du Yatenga. Le soleil est encore à l’est et sur le site des réfugiés se trouve des habitations et des tentes en bâches installées, çà et là. Des groupes de personnes sont assises sous les arbres en face de leurs logements en train de discuter. Ils ont tous fuient leurs villages en raison de la violence qui se repend dans de nombreuses régions du Burkina Faso depuis 2015. Parmi eux se trouve, Harouna Zallé, 42 ans, père de douze enfants et mari de deux femmes. « Les gens armés sont venus nous chasser, ils ont emporté et tué tous nos animaux, nous étions impuissants face à la situation et nous sommes parti pour Gambo » raconte Harouna qui a su quitter Tabremba, village de la province du Sanmatenga dans la région du Centre-Nord.
« Dans mon village, je cultivais du maïs et je faisais l’élevage. Nous vivions paisiblement et la famille avait tout ce dont elle avait besoin » se remémore-t-il. « Cependant, la situation s’est dégradée à cause des attaques terroristes ; mes voisins ont été tués ; certains ont été enlevés et jusqu’à ce jour nous n’avons pas eu écho de leurs nouvelles. Les élèves n’ont pas pu terminer leurs années scolaires, car les enseignants avaient commencé à quitter le village à cause des menaces qui prédominaient » ajoute-t-il.
La plupart des victimes ont trouvé refuge dans d’autres communautés. Helvetas, à travers le projet WASHPRO a intervenu dans les communes de Séguénega, Kossouka et Rambo (région du Nord) pour répondre aux besoins immédiats des déplacés et des communautés d’accueil, et renforcer la cohésion sociale. Le projet à réhabilité des points d’eau, construit des latrines familiales et institutionnelles dans les écoles, distribué de l’argent aux ménages les plus vulnérables et sensibiliser les habitants sur les bonnes pratiques d’hygiène.
Harouna raconte qu’au début de son arrivée à Gambo, ses femmes et lui, ont travaillé dans le site minier à la recherche de l’or afin de gagner un peu d’argent pour réaliser quelques petites dépenses familiales. Cependant, cette activité n’est pas rentable, car il est difficile de trouver de l’or de façon régulière. Malheureusement, ils n’ont pas pu avoir un grain d’or.
WASHPRO a effectué un cash transfert aux déplacés internes et aux familles d’accueil en vue de subvenir à leurs besoins de première nécessité et se doter des kits d’hygiène : savons, lave-mains, eau de javel, bidons, seaux, balai et bouilloires. « J’ai reçu un montant de 75 000 francs et j’ai ajouté 25 000 francs pour acheter un moulin afin de démarrer l’activité de meunier pour gagner ma vie » explique-t-il.
Dans une petite maison d’environ 20 m2, Harouna a installé son moulin et reçoit chaque jour des gens du village qui apportent du mil, du sorgho ou du maïs pour en faire de la farine. A 100 m, on peut entendre le bruit du moulin qui fonctionne avec du gasoil. Il se fait aider par ses enfants qui reçoivent les céréales, ajoutent un peu d’eau pour les humidifier avant de les introduire dans le moulin qui les transforme en farine. « A travers cette activité, j’ai pu acheter des kits d’hygiène pour le bien-être de la famille et scolarisé trois de mes enfants » déclare-t-il.
Le village de Gambo a hébergé plus de 100 déplacés interne. Les fils et les filles du village qui avaient migré pour des lendemains meilleurs sont revenus à cause de la situation sécuritaire. « Nous avons été soutenus par les populations de Gambo. J’ai bénéficié d’un terrain pour cultiver, mais cela s’est avéré insuffisant, car nous sommes nombreux » affirme Harouna.
Par ailleurs, le projet a mis en place des comités villageois d’assainissement, chargés de sensibiliser les communautés sur les bonnes pratiques d’hygiène et d’assainissement. « J’ai participé à des séances de sensibilisation coordonnées par les membres des comités villageois d’assainissement. Maintenant, ma famille et moi, utilisons correctement les latrines et nous les nettoyons habituellement. Nous procédons régulièrement au lavage des mains au savon, nous entretenons nos maisons et nos cours » déclare t-il.
Harouna Zallé, 42 ans, déplacé interne