Les fortes pluies qui ont frappé plusieurs zones du pays, provoquant la mort de 13 personnes ont inondé dimanche 6 septembre les champs de la coopérative Tegawendé de Saaba, dans la zone péri-urbaine de Ouagadougou. De nombreux producteurs de tomate, concombre, courgette ont perdu leurs cultures.
« Je suis vraiment triste car j’ai contracté un prêt avec les fournisseurs d’intrants pour pouvoir produire cette année. Avec ce désastre je ne sais comment rembourser le prêt et continuer mon activité » nous confia Tasséré Sawadogo, producteur de tomate à Koanda. « Mon prêt s’élève à environ 200 000 FCFA. C’est après avoir récolté et vendu les tomates que je rembourse ma dette et subvenir aux besoins de ma famille. Cependant avec cet incident, je ne pourrai pas avoir la somme nécessaire » continue Tasséré Sawadogo tout en étant préoccupé.
« La coopérative est membre du cluster tomate de la zone péri-urbaine de Ouagadougou qui a été mis en place avec l’appui du Programme d’Appui à la Promotion de l’Entrepreneuriat Agricole (PAPEA) pour améliorer les relations d’affaires entre les acteurs de la chaine de valeur.
« Je n'ai pas vu d'inondations de cette ampleur dans nos champs depuis 1994 » déclare Hamidou Nikiema, président de la coopérative. »
Mais en effet, au cours des 40 dernières années, le réchauffement climatique a entrainé une augmentation de la fréquence des tempêtes intenses dans le Sahel. Au Burkina Faso on constate une croissance des inondations, comme celle de 2009 et de 2013 qui ont causé d’énormes dégâts avec des dizaines de milliers de personnes déplacées. De plus en plus il y a une forte urbanisation de la ville de Ouagadougou mais de faibles investissements dans les infrastructures et une gestion peu sensible aux inondations.
Depuis le début du mois d’avril 2020, plusieurs localités du pays ont été affectées par des inondations et des vents violents qui ont détruit des milliers de maisons, endommagé les abris d’urgences des personnes déplacées internes, ruiné des cultures et tué des animaux. Le gouvernement a déclaré l’état de catastrophe naturelle et des mesures ont été adoptées pour renforcer l’assistance à plus de 70'000 sinistrés.
« La situation est très difficile, nous n’avons pas imaginé que l’eau pouvait arriver à ce niveau. Cela nous a vraiment échappé. Nous avons perdu 8 hectares de cultures, et les membres ont 4 millions de prêts à repayer » déclare Salif Gombré, trésorier de la coopérative.
Le co-facilitateur de la région du centre du PAPEA a effectué une visite pour échanger avec les producteurs sur la situation. L‘objectif est d’élaborer un plan d’action pour les accompagner afin de minimiser les pertes.
« Nous avons besoin de matériel d’équipement pour travailler car aussi en saison sèche nous rencontrions des difficultés dues à l’insuffisance de l’eau et nous ne pouvons pas empêcher la pluie de venir » nous confia Naaba Baongo, le chef du village.
En amont, la coopérative a bénéficié d’un accompagnement du programme dans le cadre des investissements systémiques relatif à la Covid-19. Le site de la production est en phase d’être aménagé. Aussi paradoxal que cela puisse paraître aujourd'hui, l'approvisionnement en eau est le véritable défi pour les producteurs. Actuellement, ils exploitent l’eau du barrage de Loumbila qu’ils exhaurent sur une distance de 7 km pour irriguer leur d’exploitation. Chacun des membres cotise en espèces auprès de la coopérative pour avoir l’accès l’eau pendant la saison sèche. Cette méthode est très couteuse à cause de nombre important de tuyaux et de motopompes qu’elle mobilise.
Avec l’appui du PAPEA, les investissements réalisés vont permettre aux producteurs de la coopérative de se doter de motopompe, de tubes TVC, de l’aménagement d’un air de trie, de taxi moto pour le transport de la tomate fraiche depuis les parcelles jusqu’au marché auprès des clients. Ces acquisitions seront utilisées sur un nouveau périmètre. Le montant s’élève à 7 600 000 frs CFA avec un apport personnel de 500 000 frs CFA de la part de la coopérative. Les résultats issus de ces investissements vont être appréciés au cours de la campagne maraichère 2020/2021.