Sous des manguiers géants aux ombrages généreux dressés à l’extrême ouest du petit village de Djanka, s’élèvent les chants des oiseaux venant s’abreuver au bord du marigot. A ces chants d’oiseaux s’entremêlent les voix graves d’apprentis et de quelques visiteurs venus pour prendre du thé et pour profiter de l’air pur tout en se délectant des derniers fruits des manguiers. L’on aperçoit de ça et là des planches de bois entassées, des outils de travail, une table pour scier le bois et des ruches soigneusement disposées les unes sur les autres.
C’est ce cadre qui sert d’atelier de fabrication de ruches kenyane au jeune Bamakan Ouattara. Fils de producteur, il est né en 1991 à Djakan, un paisible village situé à une dizaine de km du chef-lieu de la commune de Sidéradougou, dans la région des cascades à l’extrême sud-ouest du Burkina Faso.
Son père était producteur de miel de façon traditionnelle et Bamakan était un enfant curieux. «J’ai été toujours friand du miel et pendant les vacances d’école j’accompagnais mon père pour l’extraction du miel, même si les abeilles me piquaient parfois » raconte le jeune homme.
Après son échec au certificat d’étude primaire et élémentaire, Bamakan se décourage et refuse de reprendre le chemin de l’école. A 14 ans, il abandonne ainsi ses études, mais il se ressaisit rapidement et fait le choix d’assister pleinement son père dans l’apiculture à laquelle il avait pris goût.
En 2019 arrive le vrai second tournant de sa vie. Le projet Ho-Halé a initié des formations dans différents métiers de l’apiculture à Sidéradougou. « Mon père m’a parlé de cette opportunité et j’ai décidé de la saisir » déclare t-il. Bamakan s’inscrit et se forme au métier de fabricant de ruche dans un rucher école. Le rucher école est : un cadre d’apprentissage local où des formations axées sur la pratique sont organisées sur les métiers de l’apiculture. Il est géré par un promoteur local et les formations sont dispensées par des prestataires de services locaux. ..
Installé pour son propre compte depuis 3ans, Bamakan qui, maintenant marié et père de deux enfants vit pleinement de son métier de fabricant de ruche. En effet, il fabrique en période faste jusqu’à 300 ruches par an qu’il vend à 30 000f CFA l’unité : « j’ai construit une maison, acheté une moto et j’arrive à subvenir aux besoins de ma famille » précise le jeune homme en souriant.
Mieux, le développement de son activité a un impact important dans sa communauté. Plus besoins d'aller à une soixantaine de kilomètres pour se procurer une ruche. L’expertise locale est née. Il contribue ainsi à développer l’activité apicole dans son village. À vocation socioéconomique, cette entreprise de Bamakan développe en plus du paiement aux comptants, des modalités d’acquisition à tempérament et même des paiements en nature. « Je permets à certaines personnes d’avoir la ruche en versant la moitié de son prix. L’autre moitié est versée après la récolte et la vente du miel » affirme Bamakan. Ce qui facilite l’exercice du métier de l’apiculture à ceux qui veulent s’y lancer mais qui n’ont pas les moyens.