« Tous mes gros clients sont à Ouagadougou, pendant la quarantaine je ne savais pas quoi faire avec les œufs. Le prix de la plaquette d’œuf a chuté de 2000F à 1500F » raconte Daniel Isaac Dahourou, producteur d’œufs dans la périphérie de Bobo Dioulasso « Mais, iI y a eu ceux, qu’ont été forcé de la vendre à 1200 francs pour pouvoir fabriquer l’aliments pour les poules ».
La crise de la Covid-19 a eu des forts impacts sur les activités économiques et les revenus des entreprises agricoles du Burkina Faso. Une étude réalisée par le Programme d’Appui à la Promotion de l’Entrepreneuriat Agricole (PAPEA) dans les Hauts-Bassins, montre que 4 filières parmi les 8 concernées par le projet ont été particulièrement touchées : mangues, volaille, œuf et lait.
La ferme de Daniel Isaac Dahourou est située hors de la ville de Bobo-Dioulasso à cause de la quarantaine et du couvre-feu, le producteur ne pouvait pas s’y rendre facilement. En plus, certains produits essentiels comme les vaccins étaient plus difficiles à trouver, ou leur prix, comme dans le cas maïs, a augmenté. « C’était très-très compliqué » dit Dahourou.
« Avant la Covid 19 la ferme se portait assez bien » continue Dahourou. En regardante les enclos vides il ajoute « Ils étaient destinés à recevoir des poussins depuis deux mois. La demande en poussins est forte » mais pour pouvoir les acheter il faut un investissement important. Où trouver l’argent, vu que les banques ne veulent pas accorder les crédits aux producteurs de volaille car elles estiment que ce sont des filières à risque ?
Isaac Dahourou, producteur à Bobo Dioulasso
La crise a également affecté le commerce de volaille « Nos plus grands clients, les hôtels, étaient fermés et les grilleurs ne pouvaient plus mener leurs activités. Il n’y avait plus de marché » résume Seydou Keita vendeur de poulet à Bobo Dioulasso et président des commerçants de volaille « En plus nous avons subi d’énormes pertes dû à la mortalité élevée de poules. Se elles ne sortent pas, il y a des maladies qui les attaques et elles meurent ». Le coronavirus a fait chuter le pouvoir d’achat des commerçants, ceux qui pouvaient acheter 300 poulets aux revendeurs n’avaient même plus de moyen pour en acheter 100.
« Nous avons besoin d’aide avec les banques pour obtenir du crédit et constituer un fond de déroulement, ça nous permettrait de se relever et de de relancer nos activités » précise Keita. « On a encore peur, la crise est un peu maitrisée mais ce n’est pas encore fini ».
Seydou Keita, vendeur de poulet à Bobo Dioulasso
Pendant la quarantaine et à cause du couvre-feu et de la fermeture des marchés et yaar, les grilleurs de volaille ont été obligés à arrêter leurs activités « Avant la crise on pouvait vendre 60 poulets et 10 pintades par jour au prix unitaire de 3500F et 4000F. Mais nous travaillaions surtout la nuit, avec les mesures prises cela n’étaient plus possible » dit Adama Goro grilleur de volaille à Bobo « Nous avons essayé même de travailler pendant la journée, mais on n’a pas eu de clients! Pourtant on a des employées qui sont sous notre responsabilité. C’était vraiment difficile ! »
Pour soutenir les producteurs, les commerçants et les transformateurs de volaille, ainsi que les autres acteurs des filières affectées par la pandémie, le PAPEA a prévu un plan d’investissements d’urgence. Cela consiste à mettre en place de micro-projets pour minimiser les conséquences négatives de la crise. Un mécanisme d’alerte et de suivi des marchés sera développé au sein de la filière volaille avec des stratégies innovantes d’approvisionnement et d’écoulement des produits. Les cellules de veille auront pour missions de suivre l'évolution des prix et de stocks des intrants et des produits, suivre les développements de la règlementation dans le secteur, partager les informations avec les membres, définir les actions urgences pour lever les blocages aux transactions commerciales dans le secteur. Une campagne marketing sera organisée dans les points de consommation à Bobo-Dioulasso, à la radio et sur les réseaux sociaux.
Le PAPEA est un projet financé par la Coopération Suisse au Burkina Faso et mis en œuvre par Helvetas et SNV en partenariat avec le gouvernement. L’objectif l est la promotion de l’entrepreneuriat agricole afin de générer des revenus et créer de l’emploi au profit des populations rurales et péri-urbaines, en particulier les jeunes et les femmes.