Voici 5 ans qu’il a décidé de tout laisser tomber pour se lancer dans l’élevage des poules pondeuses et aujourd’hui, il est fier de son parcours.
Le déclic
Mathias Sié Coulibaly est âgé de 34 ans et père d’un enfant. Il habite à Toussiana, ville située à 45 km de Bobo-Dioulasso la capitale économique du Burkina Faso. Depuis 2019, après ses études de droit, il s’est lancé dans l’entrepreneuriat. Avec peu de moyens, il construit son poulailler : « J’ai fait 4 ans d’étude en droit à l’Université de Ouagadougou. Pour subvenir à mes besoins en attendant d’avoir du boulot ou être admis à un concours, je me suis lancé dans le markéting de proximité. C’est dans cette activité que j’ai pris conscience que l’on pouvait réussir autrement qu’en étant dans un bureau ou en étant admis à un concours de la fonction publique. J’ai donc décidé de créer ma propre entreprise, de sortir de la pauvreté grâce à mes efforts personnels. C’est ainsi que je suis revenu au village après le décès de mon papa, afin de m’occuper de ma mère et mettre en place mon élevage de poules pondeuses. »
Autodidacte, Mathias a appris le métier dans le tas. Avec l’aide de son beau-frère, il acquiert les bases du fonctionnement d’un élevage. Il commence avec 550 poules qui équivalent à la capacité d’accueil de son poulailler actuel. Avec ce nombre, Mathias a une production moyenne de 12 plaquettes d’œufs par jour, soit 372 plaquettes par mois à raison de 2400 FCFA la plaquette. Mathias est donc ravi du choix de son métier qui lui permet de subvenir à ses besoins : « Je ne regrette pas d’avoir choisi de me lancer dans l’élevage. Tout début est difficile certes, mais avec du courage et de la passion, on finit par y arriver. J’ai été confronté à de nombreuses pertes de mes animaux au début. Cependant, avec les différentes formations que j’ai pu faire avec le projet Naafa, j’ai acquis l’expérience nécessaire pour l’entretien et la nutrition des poules ».
Naafa, un apport utile
L’aventure avec le projet Naafa commence en 2022 ou Mathias est intégré dans le dispositif. Il suivra une formation en Projet de Vie et participera à des stages de perfectionnement en élevage. Avec ces différentes formations, il acquiert les techniques en construction de poulailler adéquat, les techniques de traitement de la volaille en fonction des races (poules pondeuses, poules de race et les poules locales améliorées), les techniques de composition des nutriments de la volaille etc. Grâce à cet accompagnement, Mathias fabrique désormais lui-même la nourriture de ses volailles, toute chose qui lui permet d’apporter les éléments nécessaires pour une bonne croissance, une bonne ponte et surtout moins de perte de la volaille. Fort de son expérience dans le domaine et sa clientèle grandissante, Mathias a pour ambition de construire à moyen terme une autre ferme d’une capacité de 550 têtes et à long terme une de plus de 3000 têtes : « A force de persévérance, je suis arrivé aujourd’hui à réunir assez de sous pour pouvoir mettre en place une autre ferme de la même capacité que celle que j’ai actuellement. J’ai aussi pu acheter un vaste terrain où je ferai une plus grande ferme bientôt afin de pouvoir absorber la demande grandissante en œuf de la ville et au-delà. Je suis heureux car mon histoire est une leçon pour mes parents et amis qui se moquaient de moi parce qu’après mon diplôme en droit, je suis devenu un éleveur de volaille ».
Mathias Sie COULIBALY
Changer les mentalités, le rêve de Mathias
Le parcours de Mathias n’a pas été un fleuve tranquille. Confronté à l’incompréhension de sa famille et aux railleries de ses amis de l’université pour avoir changé son plan de carrière, il a tenu bon et a persévéré dans sa passion de l’élevage. Il se donne pour mission de changer les mentalités de ses jeunes frères qui ne rêvent que de travailler dans des bureaux ou avoir beaucoup d’argent avant de se lancer dans l’entrepreneuriat : « Tout le monde n’est pas fait pour travailler dans un bureau ni dans la fonction publique. Nous devons travailler à changer cette mentalité qui perdure chez nos jeunes frères. Beaucoup sont aujourd’hui inactifs dans l’attente de réussir à un concours. Quand nous les incitons à entreprendre, leur argument est le manque de finance. Il faut accepter de commencer au bas de l’échelle pour pouvoir évoluer, mais surtout mettre de la passion dans nos activités. Aujourd’hui, je n’envie pas mes promotionnaires de l’université car beaucoup sont toujours au chômage. Je suis aujourd’hui disposé à accompagner les plus jeunes, à les coacher et à leur partager mon savoir-faire ». Mathias travaille seul pour le moment mais espère pouvoir embaucher du personnel après la réalisation de ses projets à venir.
Mathias Sié COULIBALY