Le Conseil fédéral a publié aujourd'hui le budget 2025 avec le plan intégré des tâches et des finances 2026-2028. Celui-ci montre clairement ce que l'on pressentait depuis longtemps : la coopération au développement de la Direction du développement et de la coopération (DDC) sera massivement affaiblie, au profit du secteur privé suisse.
Communiqué de presse du centre de compétences en politique de développement Alliance Sud, soutenu par Helvetas et d'autres grandes œuvres d'entraide suisses.
En mai 2024, le Conseil fédéral a présenté au Parlement la Stratégie de coopération internationale (CI) 2025-2028. Le plan financier publié quelques semaines plus tard s'écarte déjà fortement de cette version et prévoit des reports budgétaires massifs. Par rapport au projet de mai, la coopération bilatérale au développement de la DDC disposera de 470 millions de francs en moins pour la période 2025-2028. Cela signifie moins d'argent pour le travail de la DDC dans ses pays prioritaires, par exemple dans les domaines de l'éducation, de la santé ou de l'agriculture.
Cela ne peut s'expliquer que par le fait que ces fonds seront directement affectés au financement du secteur privé suisse dans le cadre de l'aide à l'Ukraine. Ce projet n'était pas encore prévu dans la stratégie CI 2025-2028 publiée ; le Conseil fédéral ne l'a décidé qu'après coup, fin juin.
Il est indéniable que les entreprises suisses jouent et doivent continuer à jouer un rôle très important en Ukraine. Elles peuvent le faire dans le cadre de processus d'achat normaux et d'appels d'offres internationaux. Mais si, en favorisant de manière ciblée les entreprises suisses, on privilégie les exportations depuis la Suisse, cela fausse la concurrence au détriment des entreprises ukrainiennes qui pourraient également fournir ces produits. Or, une économie ukrainienne stable à long terme a besoin d'entreprises fortes, capables d'exporter et de générer ainsi les devises dont elle a urgemment besoin. Seul le renforcement du secteur privé ukrainien, et non son affaiblissement, aidera durablement l'Ukraine.
« Avec ce projet, le Conseil fédéral affaiblit aussi bien le Sud global que l'Ukraine. Cela ne peut pas aller dans le sens d'une coopération internationale solide de la Suisse », déclare Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud, le Centre de compétence suisse pour la coopération internationale et la politique de développement.
Pour plus d‘informations :
Andreas Missbach, directeur d‘ Alliance Sud, Tél. 079 847 86 48, andreas.missbach@alliancesud.ch