«Ce que j’apprends ici n’est pas seulement utile pour mes études»

«Au Mozambique, je recherche par quels moyens biologiques simples les agriculteurs peuvent empêcher l’aflatoxine, une substance cancérigène, d’attaquer leurs arachides. Je teste un granulé biologique qui inhibe la prolifération du champignon dans le champ, une solution de micro-organismes efficaces et une solution saline simple.

Peu avant de quitter la Suisse, je me suis demandé pourquoi j’allais passer six longs mois, pour préparer mon travail de bachelor, dans un pays qui m’était complètement étranger, sans savoir ce qui m’attendait? La tension était grande. Tout comme le choc culturel à mon arrivée. Avec des centaines d’yeux rivés sur moi au début dans le village, je me suis sentie comme paralysée – et dépassée. Mais j’ai surmonté ma réaction, j’ai approché les personnes et j’ai été récompensée par des expériences inoubliables.

J’ai beaucoup de respect pour les gens d’ici. Je vois comme ils doivent se battre car il n’existe pas de services pour tout comme c’est le cas en Suisse. Ils ont tout mis sur pied eux-mêmes, avec des moyens simples. Et ça fonctionne. Les gens apprécient beaucoup que je sois venue de l’autre bout du monde pour changer quelque chose avec eux. Je veux être à la hauteur.

Je passe beaucoup de temps au laboratoire à analyser les données. Mais je parle aussi souvent avec les agriculteurs de leurs expériences dans la production d’arachides. Dans un mois, je leur présenterai mes résultats.

Au Mozambique, j’ai l’occasion en tant qu’étudiante de voir à quoi mon futur
travail d’agronome pourrait ressembler - en particulier dans le deomaine de la coopération au développement. C’est une chance unique.  Le stage sur
le terrain fait partie de mes études à la Haute école des sciences agronomiques,
forestières et alimentaires (HAFL) de Berne. De tels stages sont annoncés par des organisations de développement comme Helvetas, quand elle veulent approfondir des questions spécifiques dans leurs projets. Une partie du temps est consacrée au travail de recherche, une autre à la collaboration au projet.

Ce que j’apprends ici n’est de loin pas seulement utile pour mes études mais l'est pour ma vie entière: flexibilité, communication, travail d’équipe et solutions pour relever les défis, car je dois beaucoup organiser moi-même et prendre des responsabilités. Finalement, on peut le dire: j’y suis arrivée! J'en suis fière aussi. Mais avant tout, un tel changement de vie conduit à réfléchir tous les jours.

Je conseille à tout le monde de saisir une telle opportunité. Il faut vraiment découvrir par soi-même que le mode de vie suisse n’est pas la norme du point de vue global. Je dois régulièrement sourire quand quelque chose ne se passe pas comme prévu et qu’une solution est habilement improvisée. Alors je pense: «Bienvenue dans la vraie vie». Aujourd’hui, je ne perds plus mon calme
aussi vite qu’avant.

Désormais, j’ai trouvé ma place et j’ai des amis mozambicains. Parler est la clé pour rencontrer des gens. Ou est-ce de pouvoir rire ensemble...? La mentalité positive se transmet. Je regrette déjà de devoir repartir bientôt.»

La jeune Bernoise Sera Jane Hostettler, 23 ans, est étudiante à l’HAFL. D’avril à octobre 2019, elle a effectué un stage dans le cadre de projets d’Helvetas à Nampula, dans le nord du Mozambique. L’entretien a été mené en août 2019.

Première expérience professionnelle pour des étudiantes et des étudiants de Suisse

La Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL) de Berne offre aux étudiants la possibilité de se spécialiser en agriculture internationale. Un aspect important de cette formation est le stage sur le terrain avec une institution partenaire, telle qu’Helvetas, dans des pays en développement. Les étudiants peuvent ainsi acquérir une première expérience professionnelle, développer leurs compétences sociales et interculturelles − et vivre une expérience
formatrice pour la vie. En savoir plus sur la formation à l'HAFL.