« Parce que la zone est située en hauteur, n’importe quel coup de vent peut avoir l’effet d’un cyclone. N’importe quelle pluie fine est susceptible de provoquer l’érosion du sol, glissement de terrain et du coup coupe toute communication avec le reste du pays», raconte Lespérance Jean Jézira, CASEC de Haut-Grandou. Cette localité fait face à de nombreuses difficultés. « Mais sa vulnérabilité par rapport aux risques et désastres, c’est l’une de nos principales préoccupations », insiste le premier citoyen de la zone. C’est avec la peur au ventre que lui et ses concitoyens vivent chaque fois que la saison cyclonique approche.
Lespérance Jean Jézira, président du Conseil d'Administration de la Section Communale
Bernaleau qui compte un peu plus de cent cinquante familles se trouve en aval du morne Pitimi (Morne Petit Mil) qui a déjà fait pas mal de victimes. « Il n’y a pas trop longtemps, une femme qui se rendait au marché a été heurtée par un glissement de terrain. Elle avait perdu une jambe lors de cet accident », se souvient Lespérance Michel.
Deux murets, en pierre maçonné et en pierre sèche d’une centaine de mètres de long, ont été construits en 2020 dans le cadre du Projet d’Appui au Renforcement de la Résilience face aux Désastres. Ces murs de soutènement diminuent les risques d’éboulement et de glissement de terrain, protègent les maisons situées en aval du morne et empêchent le lessivage du sol cultivable.
Les bénéfices de ces travaux sont nombreux, témoigne Noel Pierre Victor, un sexagénaire qui vit de la vente des produits cultivés dans son jardin. Il n’a aucune autre source de revenus parallèle. Nos terres, nos jardins et nos maisons sont mieux sécurisés maintenant, se félicite-t-il. La joie qu’il éprouve en regardant son champ de haricots intact alors qu’il avait plu la veille est immense et palpable. Avant, j’aurais pu me réveiller ce matin et ne pas trouver le jardin, dit-il.
Pierre Odette, 54 ans, préfère mettre l’accent sur les retombées économiques de la construction de ces murets. « Les journaliers ont été recrutés au sein de la communauté. Ça leur a permis de gagner un peu d’argent », dit la responsable d’organisation de femmes qui faisait partie du comité de gestion de l’activité.
Les membres de la communauté faisant partie du comité de pilotage avaient bénéficié de plusieurs séances de formation notamment sur la gestion de projet. Des formations qui, selon Pierre Odette, vont les aider dans d’autres situations personnelles et collectives. Cette mère de famille a déjà une idée de ce qui doit être fait pour augmenter la résilience de sa communauté. « Il faudrait que d’autres travaux soient entrepris un peu plus en amont afin de réduire la force de l’eau qui s’abat sur ces deux murets. D’ailleurs, a-t-elle ajouté, ces derniers devraient être allongés ».
Financé par diverses sources de fond mobilisés par la Helvetas Swiss Intercooperation, le projet PARER mis en œuvre à Bainet et à Marigot, vise des communautés résilientes aux désastres grâce à une attitude pro-active et participative en mobilisant des ressources internes et externes pour la réduction et gestion des risques de catastrophes afin de préserver les vies des gens, leurs biens de subsistance, leurs services de base et leurs ressources naturelles.