Les membres de l’Alliance2015 ont mené conjointement une enquête dans 25 pays, couvrant plus de 16.000 femmes et hommes sur une période de deux mois, afin de mesurer l’impact de la pandémie dans les domaines de la sécurité alimentaire, l’eau, l’assainissement et l’hygiène (WASH), la santé, l’éducation, les revenus, l’endettement et la situation psychosociale des ménages.
Les 8 organisations membres de Alliance2015 utilisent ces résultats dans le but d’améliorer la résilience des communautés en adaptant leurs programmes respectifs aux circonstances et en ciblant mieux les interventions. Des actions de réponse au covid-19 sont ainsi mises en œuvre sur le court, long et le moyen termes.
Pour Madagascar, l’enquête a été réalisée au mois de novembre 2020 auprès des communautés rurales des trois régions de Diana, Sava et Atsimo Andrefana, où Helvetas et WeltHungerHilfe mènent un certain nombre de projets. 501 ménages répartis dans 6 communes rurales des districts d’Ambanja, Andapa et Tuléar II en ont fait l’objet.
Quatrième volet : les incidences du covid-19 sur l'endettement
Il a été demandé aux enquêtés d’identifier parmi une série de stratégies d’adaptation, celles qui avaient été utilisées depuis le début de la pandémie de covid-19.
Pour Madagascar, 20% des personnes interrogées sur les 3 régions de l’enquête ont déclaré avoir dû emprunter de l’argent afin de faire face à la situation. La majeure partie a concerné Atsimo Andrefana (42%) contre seulement 3% de la région Diana et 24% de la région SAVA.
En outre, près de la moitié (49%) ont indiqué avoir dû vendre des articles ménagers, en particulier dans les régions d’Atsimo Andrefana (76%) et de SAVA (50%), où ils ont dû avoir recours à cette stratégie de survie.
Les populations de la région Atsimo Andrefana ont été particulièrement affectées par la pandémie. En effet, deux-tiers des personnes interrogées ont déclaré avoir acheté des marchandises à crédit dans un magasin local. Ce chiffre est nettement plus élevé en comparaison avec les deux autres régions de l’enquête. Parmi ces répondants figurent en majeure partie des femmes.
Il a également été demandé à qui ils empruntaient de l’argent ; les banques n’ont été mentionnées que par 3% des personnes interrogées et seulement 14% se sont tournées vers les institutions de microfinance. Environ un-tiers a déclaré avoir demandé de l’aide auprès de leurs voisins ou amis. Les autres personnes sollicitées ont été au sein de la famille élargie et des groupes communautaires (par respectivement 28% et 23% des personnes interrogées). Une faible proportion a recouru à des emprunts auprès d’usuriers. Ces résultats montrent le faible niveau de reconnaissance des institutions de crédits au niveau des populations rurales, plus particulièrement pour faire face à des difficultés.
Parmi ces répondants qui ont déclaré avoir contracté des emprunts, il a été demandé s’ils pensaient pouvoir rembourser leur prêt dans les délais convenus. En moyenne 35% craignaient de ne pas pouvoir le faire, dont la majeure partie de la région Atsimo Andrefana (48%). Ces personnes vivent principalement de petit commerce (45%) ou de l’agriculture (35%). Ceux qui ont un emploi formel sont plus optimistes, seuls 12% pensent ne pas pouvoir rembourser leurs emprunts.
Engagement actuel de Helvetas
Helvetas n’intervient pas directement dans la mise en place de mécanismes de financement pour les communautés rurales. Cependant dans le cadre du projet Revenus Pour la Nature mis en œuvre dans la région SAVA, un partenariat avec WWF Madagascar et OSDRM a permis la mise en place d’un certain nombre de groupements d’épargne communautaire. Ces groupements ont ainsi pu être sollicités pour venir en aide aux familles les plus touchées.