Étant donné la situation politique difficile au Myanmar, y retourner relève de plus en plus de l’impossibilité pour des centaines de milliers de Rohingyas qui en ont été chassés. Il y a quatre ans, ils ont fui le pays pour le Bangladesh, où ils vivent dans le plus grand camp de réfugiés au monde. Le coronavirus et la mousson sont venus exacerber leurs conditions de vie déjà précaires. Helvetas soutient les réfugiés rohingyas tout en s’engageant pour qu’ils soient bien acceptés par la population locale.
Le 25 août, cela fera quatre ans que les Rohingyas ont été chassés du Myanmar. Près de 900’000 personnes vivent dans le plus grand camp de réfugiés au monde, près de Cox’s Bazar, au Bangladesh, dans des conditions précaires et sans réelle sécurité, dignité ni équité sociale. Leurs perspectives de retour sont plus sombres que jamais: depuis près de six mois, le pays d’origine de cette minorité persécutée est de nouveau sous le pouvoir de l’armée. Une vie décente et en paix y est pour l’instant inimaginable et aucune solution ne se dessine à l’horizon. Les réfugiés rohingyas dépendent de l’aide humanitaire.
Les près d’un demi-million d’enfants rohingyas notamment risquent de se transformer en «génération perdue»: ces filles et garçons n’ont accès à aucune éducation formelle ou reconnue au camp de réfugiés et leurs parents ne sont pas en mesure de subvenir aux besoins de la famille.
La mousson et le coronavirus aggravent la situation
Le coronavirus et la mousson rendent la vie des Rohingyas encore plus dure. Durant la dernière semaine de juillet, de fortes pluies ont causé des inondations et des glissements de terrain, qui ont coûté la vie à plus de onze personnes. La mousson a par ailleurs complètement détruit de nombreuses cabanes.
En collaboration avec des organisations partenaires, Helvetas a fourni de l’aide d’urgence à plus de 1350 familles particulièrement touchées. Elles ont reçu des couvertures, des lampes, de la nourriture, des vêtements et des articles d’hygiène. En plus de cette aide, Helvetas soutient la prévention de nouvelles catastrophes. Des bénévoles rohingyas sont par exemple formés à la construction et à la protection de l’infrastructure nécessaire – des chemins, des murs et des drainages, un système de fossés ou de tuyaux pour évacuer l’eau du sol – et à des activités de plantation dans les collines pour éviter l’érosion.
Le soutien économique favorise la paix
Par ailleurs, Helvetas soutient – notamment avec des fonds de la Chaîne du Bonheur – la culture de légumes dans le camp de réfugiés rohingyas. Les légumes sont plantés entre et sur les cabanes et permettent aux familles de se nourrir plus sainement et de gagner un petit revenu supplémentaire par la vente du surplus. Au total, 15’000 ménages et 75’000 personnes bénéficient de cette mesure.
L’arrivée rapide et massive de personnes réfugiées a aussi des répercussions sur les familles bangladaises locales: les recettes des récoltes ont baissé, la pénurie alimentaire s’est aggravée et les ressentiments envers les Rohingyas, qui reçoivent des denrées alimentaires de première nécessité, se sont accrus au cours des derniers mois. Le coronavirus a rendu la crise humanitaire encore plus complexe. C’est pourquoi Helvetas soutient aussi des familles locales, par exemple dans le domaine de l’agriculture et en leur facilitant l’accès au marché, tout en les sensibilisant aux problèmes dont souffrent les réfugiés.