«Nous avons marché pendant neuf jours à travers champs et forêts avant d’arriver au Bangladesh», se souvient Abdul Jalil. «Nous avons mangé le peu que les habitants des villages traversés nous ont donné.» Au Myanmar, le jeune homme avait l’intention de commencer une formation d’enseignant, mais la violence a contraint sa famille à quitter le pays. Aujourd’hui, Abdul est membre d’un groupe de jeunes créé par Helvetas. Comme tous les Rohingyas de son groupe, il espère un jour pouvoir retourner dans son pays.
Groupes de jeunes: un engagement pour la communauté
Les groupes de jeunes existent depuis 2023, d’une part pour les jeunes femmes et les jeunes gens des camps (similaires à des districts au sein du plus grand camp de réfugié·es au monde à Cox’s Bazar, au Bangladesh) et d’autre part pour les jeunes des communes d’accueil d’Ukhiya et de Teknaf. Leur objectif est de renforcer la cohésion sociale et de fournir une aide rapide et efficace en cas de catastrophe. De plus, les jeunes s’investissent ensemble contre les mariages précoces, un engagement particulièrement cher à Abdul et à ses camarades. Des rencontres et des échanges entre les groupes de jeunes sont organisés aussi souvent que possible afin de favoriser une coexistence stable et pacifique entre les Rohingyas et les habitant·es des communes voisines.
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Aide rapide en cas de catastrophe
Les tempêtes, les glissements de terrain et les grands incendies sont des événements bien connus des familles des camps et des communautés d’accueil. Les incendies, notamment, sont fréquents dans les camps de réfugié·es pendant la saison sèche en raison des nombreuses sources de feu ouvertes pour la cuisine et des abris en bambou. Lors de formations régulières, les femmes et les hommes des groupes de jeunes apprennent comment réagir en cas d’urgence et comment aider au mieux les personnes touchées. Dernier exemple en date: lorsque la tempête tropicale «Remal» a frappé le Bangladesh le 26 mai, détruisant ou endommageant au moins 150’000 maisons, les groupes ont pu échanger des informations par téléphone et guider les habitant·es à l’aide de haut-parleurs sur les étapes à suivre. En cas de catastrophe, Abdul Jalil et ses camarades veillent à ce que les personnes directement touchées se rendent rapidement dans les abris d’urgence. Les habitant·es à mobilité réduite reçoivent un soutient spécial.
Abdul Jalil, 22 ans, Rohingya
Ensemble contre les mariages précoces
«Nous savons combien les mariages précoces sont terribles pour les filles et voulons agir contre cela», déclarent aussi bien les jeunes des camps que les jeunes des communes d’accueil. Pour sensibiliser leurs communautés, les groupes de jeunes font des pièces de théâtre interactives qui racontant différentes histoires pendant 40 minutes: cette fois, il y en a une sur une jeune fille qui pleure le jour de son mariage. Une autre met en scène une fille qui se dispute avec son père, parce que ce dernier n’approuve pas le fait qu’elle ait rejoint un groupe de jeunes et y apprenne des choses sur le mariage précoce. Les spectateur·trices – enfants et adultes, Rohingyas et habitant·es des communautés d’accueil – observent avec attention l’action sur scène et sont ému·es par les chants traditionnels rohingyas, qui ont également leur place dans la pièce de théâtre.
Roksana, 18 ans, Rohingya
En plus des représentations théâtrales, les groupes sont actifs au sein même de leurs communautés. En cas de rumeurs sur un mariage précoce, leurs membres réunissent des informations, «à la manière d’une enquête, pour chercher à comprendre ce qui se passe», explique Abdul Jalil. Il ajoute que l’éducation est un moyen important pour prévenir les mariages d’enfants. C’est pourquoi le jeune homme donne des cours d’appui aux enfants du camp chaque après-midi. Roksana est elle aussi déterminée à poursuivre sa scolarité. Elle vient de terminer la sixième année et souhaite continuer jusqu’en dixième – ce qui n’est pas facile, car de nombreuses familles, surtout dans les camps, préfèrent marier leurs filles tôt. La jeune femme lutte contre ce destin tout en aidant d’autres filles dans des situations similaires. Elle est soutenue dans ses ambitions par Ramja Ali, un jeune homme de la commune voisine. Non sans fierté, Ramja raconte que le groupe a réussi à empêcher le mariage d’une jeune fille de 17 ans en informant les autorités.
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Malheureusement, les perspectives professionnelles pour les jeunes ne sont pas optimistes. De plus, la plupart restent à la maison après la tombée de la nuit par peur d’une agression. En effet, dans les camps, il y a régulièrement des enlèvements avec demande de rançon. C’est pourquoi ils apprécient d’autant plus d’échanger avec leurs pairs pendant la journée et d’avoir une mission qui les unit et leur permet de se rendre utiles.
Morjna Akter Mini, 19 ans, de la commune d’accueil Hnila
Morjna Akter Mini, 19 ans, de la commune d’accueil Hnila, affirme avoir beaucoup appris au sein du groupe de jeunes. La jeune femme rêve d’ouvrir son propre magasin de broderie. Pour l’instant, elle est heureuse d’enseigner cet artisanat, même gratuitement. Ses élèves sont toutes des filles des camps de réfugiés·es, dont une avec un handicap.
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